Présentation de la sœur inspirante Funmi Lijadu...
Funmi Lijadu est écrivaine et artiste en collage mettant en lumière des histoires moins entendues. Elle s'investit dans l'humanité, les histoires qui ont conduit à notre présent, et imagine de meilleurs futurs. Elle fréquente l'Université d'Édimbourg et est en dernière année d'études en littérature anglaise tout en poursuivant sa carrière indépendante en journalisme et en art.
Votre travail tourne autour des questions sociales intersectionnelles, se concentrant souvent sur le racisme que subissent les femmes noires. Qu'est-ce qui vous a inspirée à prendre position sur ces questions et comment pensez-vous que la négritude impacte le bien-être menstruel ?
Je suis inspirée à m'exprimer sur ces questions car je crois que la position des personnes s'identifiant comme femmes dans le monde d'aujourd'hui est encore inacceptable et frustrante. J'ai également été témoin de ce qui se passe dans des pays avec une inégalité extrême de richesse. Il existe d'énormes écarts en termes d'accès pour les personnes noires qui ont leurs règles dans des pays à forte pauvreté, comme le Nigeria. Ces défis, où les gens ne peuvent pas obtenir ce dont ils ont besoin, signifient que lutter contre la stigmatisation n'est pas toujours une priorité au-delà des besoins urgents des personnes marginalisées. Les facteurs socio-économiques vécus par certaines femmes noires font que l'accès aux produits menstruels n'est pas toujours simple. De plus, beaucoup de femmes noires appartiennent à des cultures où il y a une stigmatisation et une régulation du ton autour des menstruations, ce qui signifie que des politiques sociales, éducatives et économiques sont nécessaires pour maintenir le bien-être menstruel des femmes noires. Le pouvoir, l'accès et les opportunités sont des questions complexes et mon travail espère tenter de parler de cette complexité. Le girl power n'est pas seulement cisgenre, neurotypique, occidental et blanc.
Vous avez récemment été sélectionnée par le Tate Collective pour créer une œuvre en réponse à la Madone à l'Enfant du peintre préraphaélite William Dyce pour le Mois de l'Histoire des Noirs. Qu'avez-vous ressenti en étant choisie pour quelque chose d'aussi prestigieux et comment avez-vous abordé cette mission ?
Ce fut absolument incroyable de travailler dessus ! J'ai choisi un angle personnel pour ma soumission, basé sur la spiritualité et mon éducation via l'imagerie catholique. J'ai trouvé cela rafraîchissant car le Mois de l'Histoire des Noirs est souvent centré sur des exemples populaires de nos traumatismes. J'ai utilisé ma pratique imaginative du collage pour méditer sur des images et des motifs qui m'étaient familiers, transformant la figure de la Vierge Marie en une femme noire. Je suis très fière de œuvre finale et j'ai l'impression que cela capturait beaucoup de mes intérêts dans l'esthétique kitsch du catholicisme. Pendant que je découpais et collais, j'ai filmé un Instagram reel qui documentait le processus en coulisses. J'avais auparavant été commissionnée pour réaliser un collage pour la page Instagram Tate Collective en 2018 pour le Mois de l'Histoire des Noirs. Cette œuvre abordait les questions d'appartenance et d'identité au Royaume-Uni, inspirée par l'aliénation choquante que ma grand-mère maternelle a vécue en tant qu'immigrante Windrush et en reliant cela à l'identité noire et aux luttes de pouvoir locales au Nigeria.
Un des tabous que nous nous engageons à effacer est la #hontedesrègles. En avez-vous déjà fait l'expérience ?
J'ai certainement ressenti de la honte liée aux règles, souvent venant d'autres femmes. Je me souviens de moments où j'avais involontairement taché une chaise ou mes vêtements. D'autres filles en faisaient toute une histoire et essayaient de me faire honte en me traitant de sale ou d'insouciante, etc. J'ai beaucoup de compassion pour moi-même car je n'ai pas besoin de me sentir honteuse si mes fonctions corporelles deviennent visibles aux autres par erreur.
Mon #premiererègle était drôle car, à 12 ans, je me souviens avoir vu une tache brun rougeâtre foncé sur ma culotte quand je suis allée aux toilettes. Je suis allée en courant dans la chambre de mes parents et j'ai crié à ma mère « Je crois que mes règles viennent d'arriver ! ». Elle m'a rassurée en disant que c'était sain et normal et m'a donné des produits à utiliser. Plus tard dans la journée, j'ai saigné davantage et je suis revenue en panique en disant « Maman, je crois que c'est arrivé encore ! » Cette fois, elle a ri et m'a dit que tout ne sort pas d'un coup en une inondation effrayante. À ce moment-là, je me suis calmée et j'ai commencé à rire aussi.
Ici, chez &SISTERS, nous croyons que, lorsque nous sommes unies et solidaires les unes des autres, nous pouvons toutes accomplir de grandes choses. Quelles sœurs admirez-vous et pourquoi ?
J'admire les femmes de ma famille qui m'ont transmis des connaissances, des récits et des rituels de soin personnel. Je suis aussi impressionnée par mes amies et les personnes que je suis qui font du travail de plaidoyer sur des sujets comme le climat, l'égalité des genres, la violence entre partenaires intimes, le bien-être mental et d'autres enjeux urgents. Et toutes celles qui sont marginalisées mais choisissent de s'exprimer malgré les obstacles.
Enfin, être une sœur est un voyage qui nous enseigne de nombreuses leçons dans la vie. En regardant en arrière en tant que grande sœur maintenant, si tu pouvais donner quelques conseils à la plus jeune Funmi, que lui dirais-tu ?
Tout d'abord, je lui dirais que son corps est normal ! Qu'il lui appartient avant que d'autres n'imposent leur jugement. Et ce jugement pourrait être basé sur sa désirabilité, sur la manière dont elle est censée s'autocensurer et cacher certains aspects de sa féminité pour rendre les autres possibles, et tout le reste. Elle a de la valeur en elle-même, en dehors de toute validation ou attention, et son corps est incroyable ; elle doit être attentive aux signaux qu'il lui envoie au lieu de se focaliser sur les paroles des autres.
Pour découvrir davantage le travail de Funmi, visitez : artbyfunmi.
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